Sur la route de Saint-Août, à gauche après le square Suzanne Darbans, en quittant Mers-sur-Indre, cette étrange butte herbeuse surmontée de trois chênes a toujours fait vagabonder les imaginations. |
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Depuis plusieurs siècles, l’origine est discutée. Une chose est certaine, cette motte avait une circonférence de 170 mètres et 26 mètres de haut.
Le TUMULUS était dans la propriété de Presles au moment de gloire de ce lieu. Il était beaucoup plus important qu’actuellement. Le Conseil Général de l’Indre a pris un arrêté le 3 juin 1858 taxant à 15 centimes la voiture, le tirage de sable. La municipalité de Mers pris une délibération le 3 novembre 1889 interdisant tout tirage de sable.
Au pied de cette motte à droite, était édifiée une chapelle démolie peu avant 1800 et un cimetière. Sur le sommet, une tour où se réfugiait le seigneur, sa famille et sa garde.
Maurice Sand y a situé l’histoire de “Calhirhoe”, cette princesse merveilleuse morte il y a 2500 ans; les croyances populaires en ont fait un lieu de légendes :
* Elle aurait été édifiée avec de la terre de La Berthenoux apportée à la hotte par un ouvrier gagnant un denier par jour.
* Elle aurait été élevée avec de la terre qu’une vieille femme allait chercher dans son tablier aux “Buttes de l’Âge” à Jeu-les-bois (à cinq kilomètres d’ici). La couleur de la terre serait identique (en tout cas, elle n’a pas la couleur de celle de Presles).
* Le paradis ayant été balayé, les “crasses” déposées à Presles formèrent le tumulus.
* Et puis, cette légende du jour des Rameaux, où chaque année, le prêtre revenant du cimetière frappe trois coups avec la croix contre la porte de l’église. La porte s’ouvre, le tumulus aussi, laissant apparaître le trésor qu’il abrite, et se referme en même temps que la porte de l’église. Une année un homme s’y est glissé et y fut piégé. Par miracle, il en est sorti l’année suivante
Une autre année, c’est un enfant qui y fut pris, mais l’année suivante c’est un chien noir qui en ressortit.
Qu’est ce que cette butte ? Un tumulus renfermant un tombeau celtique ? possible ! Des pièces de monnaie, des tessons de poterie, une sorte de mortier… ont été trouvés aux alentours. Une motte féodale, une butte sur laquelle s’élevait une tour de garde ? Possible
Des études topographiques y situeraient l’emplacement du château féodal de Presles, dans le haut Moyen-Age. Des vestiges d’une chapelle et d’un cimetière sont encore visibles.
Motte ou tumulus ? Peut-être les deux ! Personne n’a jamais sondé les entrailles et le mystère demeure…
Motte féodale ou tumulus
Presles se trouve à deux kilomètres en direction de MERS sur la rive droite de l’Indre et tel que nous pouvons l’imaginer était construit sur la plate-forme, les lieux actuels sans route, sans pont, un passage gué donnant accès dans les prés de la Planche et du Grand Chambon et non loin d’un autre gué qui relie les deux tronçons du chemin de la prairie de l’Aunais, passant devant l’emplacement occupé par l’ancienne chapelle Saint-Jean. Seul vestige existant, l’imposante motte féodale de Presles ou Tumulus où au sommet était construit une tour en forteresse. Cette motte a la forme d’un cône assez régulier de cent soixante dix mètres de circonférence la base et de vingt six mètres d’apothème ou génératrice.
Difficile d’attribuer à cette motte de Presles une origine certaine.
La Motte aurait été édifiée avec de la terre de LA BERTHENOUX pour certains, pour d’autres, des buttes de l’Age. Mais ce qui est certain, cette terre ne ressemble pas à celle de Presles.
Raynal écrit dans « Histoire du Berry» :
“En différents lieux, on retrouve encore les monuments de terres rapportées et de forme conique, tumuli ou tombelles qui paraissaient être d’anciens tombeaux mais dont quelques-uns peuvent appartenir à l’époque gallo-romaine”.
La Tramblais (Historien du XIXème siècle) émet une autre opinion à propos du Château de Presles :
« Au milieu de ces débris, une motte féodale est restée debout, élevée de mains d’hommes. Dans les premiers temps de la féodalité, les mottes entraient fréquemment dans le système de construction. On les surmontait d’une tour ou donjon. Cette motte comprend deux enceintes, celle de la cour basse ou préau qui servait de camp aux soldats et vassaux du seigneur et celle qui renfermait la motte, surmontée de sa tour ou donjon, où le seigneur et sa famille et l’élite de ses chevaliers se retiraient ».
Donc, nous sommes en présence de deux opinions bien distinctes, mais que nous ne serions pas éloignés de la tenir pour vrai toutes deux.
En effet, les romains ont laissés des traces de leur passage à Presles et dans les environs :
– Pièce de monnaie romaine trouvée dans les vignes de Gravelles et une autre à Courtioux.
– Pierre en forme de meule, incurvée, sorte de mortier, analogue à ceux dont se servaient les peuples primitifs pour écraser le blé.
– Hache mise à jour, au sommet du tumulus.
Il n’y a rien d’extraordinaire à ce que, par la suite, cette motte ait été utilisée comme tertre pour l’édification du donjon du Château de Presles.
Presles, terre de mystère, avec sa motte, son ancienne chapelle Saint-Jean et Saint-Gilles, autrefois prieuré, dépendant d’une communauté de Malte et dont les substructions sont d’une époque plus ancienne que le Moyen Age. Cette chapelle était située à droite. Elle fut démolie peu avant 1800 pour donner du travail aux nécessiteux. A côté d’elle, existait un cimetière.
En 1567, les archives de l’Indre laissent comprendre que le Château de Presles était écroulé ou démoli. On ne trouve plus ensuite à l’examen du cadastre que la mention « la motte de Presles pacage ».
Cette butte de Presles est l’une des mieux conservées du département, malgré enlèvement d’un tiers de la masse côté Nord-Est.
Une délibération du conseil municipal de Mers le 19 février 1913 interdit le prélèvement de sable à cet endroit. Vers le confluent, aux environs de 1840, une tréfilerie fabriquait annuellement 400 000 kilos de fil de fer. Une tuilerie existait également sur ces lieux jusque vers 1914.
Peut-être un jour, un passionné d’histoire, s’intéressera-t-il au passé prestigieux de Presles et nous donnera des réponses à toutes nos questions
(documents tirés des archives de l’Indre).
Le tumulus a passionné Maurice SAND
Sur la commune de Mers-sur-Indre se dresse une imposante butte herbeuse coiffée de trois chênes. On la désigne sous le nom de tumulus ou de motte de Presles. Depuis des siècles, l’étrangeté de sa position et le mystère qui l’entoure ont excité l’imagination du peuple aussi bien que des lettrés. La famille Sand s ‘est intéressée à ce site. Maurice Sand en particulier, féru d’études celtiques, y a campé un roman fantastique, « Callirhoé », introuvable aujourd’hui. Tumulus ou motte? Maurice Sand, en proie à l‘imagination, avait tranché sans ambiguïté en faveur du tumulus. Nos connaissances plus récentes nous laissent plutôt penser que Presles est une motte féodale, l’une des mieux conservées du département de l’Indre. Françoise Baizard-Dorsemaine, passionnée par le personnage et l ‘œuvre de Maurice Sand, nous en dit plus long sur cette étrange butte de Presles.
Le goût des romans fantastiques ou de fiction n’est pas une innovation. « Le roman de la momie » de Théophile Gautier, les romans de Jules Verne ont fait les délices de notre jeunesse. Pourquoi les romans de Maurice Sand, « Callirhoé », « Le Coq aux cheveux d’or» ont-ils été oubliés ? L’histoire de Callirhoé est localisée autour du tumulus ou motte de Presles. Maurice Sand imagine que là se trouve le tombeau d’une princesse merveilleuse, morte il y a 2500 ans. Ce roman passionnant nous a donné l’idée d’en savoir plus au sujet de cette énorme butte de terre qui se dresse près de Mers-sur-Indre.
La famille Sand prêtait beaucoup d’intérêt à la motte de Presles. George Sand y avait trouvé des débris de poteries, de tuiles, des briques noircies. En septembre 1857, le prince Jérôme Napoléon est en visite à Nohant, incognito, et c’est au Magnet, puis à Presles, qu’on va l’emmener en promenade.
Un tumulus était un tombeau
Maurice Sand aux intérêts si éclectiques avait du goût, comme beaucoup de chercheurs de son époque pour les études celtiques. Sa mère aussi. Dans l’enthousiasme des premières découvertes, Georges Sand avait cru voir des dolmens aux Pierres Jaunâtres (près de Boussac). Le terme tumulus de Presles, ce qui suppose une tombe, était dans la tradition régionale. Mais, on trouve aussi la motte de Presles et même la « morte de Presles », dans la bouche des paysans (1). Avouons, qu’il y a là, de quoi exciter l’imagination débordante de Maurice Sand et la nôtre aussi. Celle de M. Touratier, le fut également. Nous tirons les renseignements suivants de son étude (2).
En 1862, on fait des fouilles à Carnac et le conservateur au musée du lieu conclut « La destination des tumulus était bien prouvée, s’étaient des tombeaux. Les fouilles faites ont confirmé ces faits et en outre ont prouvé que les dolmens et les allées couvertes n’étaient que les cryptes de tumulus détruits. Le temps et le besoin du cultivateur d’avoir de la terre pour répandre dans ses champs sont la cause de leur mise à nu » (3). C’est bien ce qui arriva à Presles.
Pendant des siècles, on préleva de la terre à cet endroit comme l’attestent différents arrêtés officiels :
– Délibération du Conseil Général de l’Indre, du 3 novembre 1889 : «Le Conseil décide que désormais les gens qui prendront de la terre à la Motte de Presles devront payer 0,10 F par mètre cube de terre enlevée ». On peut imaginer la taille énorme de cette butte.
Des légendes imprégnées de divin
Ce haut monticule, en 1912, avait 170 m de circonférence à la base et 26 m d’apothème ou génératrice. Il a toujours excité l’imagination populaire et M. Touratier nous rapporte bien des légendes à ce sujet.
« M. Gerbaud, colon à Presles, a “acouté dire” que “la Moutte” aurait été édifiée avec de la terre de la Berthenoux apportée à la hotte par des ouvriers gagnant un denier par jour ».
M. Chatelain bourrelier au bourg, tenait de sa grand’mère « que “la Moutte” avait été élevée avec de la terre qu’une vieille femme allait chercher dans son tablier, aux Buttes de l’Age, commune de Jeu-les-Bois ».
Le divin s’en mêlait parfois : les anciennes élèves de l’Ecole Congréganiste tenaient des religieuses que « le Paradis ayant été balayé, les “crasses” déposées à Presles formèrent le Tumulus ».
Maurice Sand (1823-1889). Moins célèbre que sa maman George, il n ‘est pas moins un esprit fort brillant du XIXème siècle, un homme dont Taine a dit qu’il réunissait plusieurs hommes supérieurs en un seul. » Maurice était entre autres choses passionné par les études celtiques, fort à la mode à son époque (Photo Nadar)
D’étranges récits
Ces histoires, nous font rire, comme elles ont pu faire rire Maurice Sand. Mais l’illustrateur des « Légendes rustiques », grand amateur de fantastique, a été sûrement frappé par les histoires que l’on contait encore à la veillée:
« Acoute donc…
Le jour des Rameaux, quand le prêtre revient du cimetière et frappe trois coups avec la croix contre la porte de l’église, à l’instant précis où cette porte s’ouvre, le tumulus de Presles s’ouvre aussi, et laisse entrevoir un trésor d’une richesse inouïe où l’or rutile et les diamants scintillent. Le tumulus se referme en même temps que la porte de l’église. C’est ainsi qu’un homme du domaine de Presles, tenté par ces richesses, y fut piégé. Miracle ! on le retrouva vivant l’année suivante ! »
Une variante de l’histoire est plus morbide. C’est un enfant qui se serait trouvé enfermé et l’année suivante, un chien noir s’échappa du tombeau où l’enfant gisait à demi dévoré. Le chien noir et son maître Karnach ou Carnat rôde dans le roman de Maurice Sand.
Tumulus ou motte ? Ou peut-être les deux? La question s’est posée dans les siècles passés.
De Raynal écrit dans « L’Histoire du Berry » (4), qu’ « en différents lieux, on retrouve des monuments de terres rapportées et de forme conique, tumuli ou tombelles, qui paraissent être d’anciens tombeaux. »
A. Joanne, dans sa géographie de l’Indre (5), ajoute : « Près de Mers, non loin du confluent de l’ Indre et de la Vauvre, on remarque aussi une de ces tombelles, vastes amas de terre, qui recouvrait, sans doute les restes de vaillants guerriers ou de chefs de tribus.»
Les entrailles de la butte conservent leurs mystères
Ce qui est certain, c’est qu’aux alentours de la butte, on trouve des traces de la présence romaine à Jeu-les-Bois, à Villemongin, voies pavées, restes de tours, de villas.
Des pièces de monnaie trouvées dans les champs environnants par des cultivateurs ont été remises à M. Touratier. Une pierre en forme de meule incurvée, sorte de mortier a été remise au sous-préfet de la Châtre, M. Damour, vers 1870. Elle serait analogue à celles dont se servaient les peuples primitifs pour écraser le blé.
Mais personne n’a jamais fouillé dans les entrailles de la butte pour y retrouver quoi que ce soit.
S’il est difficile d’établir l’origine de la butte en tant que tumulus, il est aussi difficile de trouver les origines de la motte. En 1912, Eugène Hubert, archiviste du département de l’Indre, n’a pu noter les propriétaires de la terre de Presles avant 1176. A cette date, elle appartenait à Evrard de Presles et était « l’une des plus considérables de la contrée et sa juridiction l’une des plus étendues >.
On parle alors de la ville de Presles. Bien que non spécialistes, nous avançons que peut-être, il s’agit d’une transformation du mot villa, plutôt que d’une ville réelle. Ce serait la liaison avec l’époque gallo-romaine.
Les archives nous parlent d’un « château de Presles »
Il est certain, en tous cas, que nous avons à faire à la motte d’un ancien château féodal Outre les relevés topographiques qui marquent la place des fossés entourant la motte, les archives ont gardé des renseignements précieux sur le château de Presles (6). M. Touratier a trouvé un « aveu et dénombrement du 15 août 1457, par noble homme Louis Guérin, écuyer, seigneur de Presles, à Guy de Chauvigny de son château et châtellenie de Presles… »
Différents relevés laisseraient entendre qu’à cette date le château de Presles n’était pas plus en ruines que celui du Magnet. Par contre en 1567, les mêmes archives laissent comprendre que le château de Presles était écroulé ou démoli. On ne trouve plus ensuite à l’examen du cadastre, que la mention « La motte de Presles, pacage ».
Cependant, malgré la destruction du château, la seigneurie avait été élevée en marquisat comme le prouve un document de 1757 qui fait mention de Pierre Jean François de la Porte, chevalier, marquis de Presles, Mers, etc., conseiller du Roi. La liste interminable des droits seigneuriaux existe ainsi que celle des vingt-deux fiefs dépendants de la seigneurie. Les lettres patentes, portant érection de Presles en faveur de Pierre Jean François de la Porte, existent aussi datées de 1748. Pour ces longues listes, nous renvoyons le lecteur à l’étude de M. Touratier qui avance que, peut-être, la motte aurait pu être érigée sur le tumulus.
Ceci s’appuie sur l’étude d’Eugène Hubert (7) qui trouve un précédent dans l’Indre avec la Tour Blanche d’Issoudun : « Ce donjon d’une forme rare a été construit sur un monticule élevé de mains d’hommes et sur les ruines d’un temple chrétien », écrit-il.
L’une des mottes féodales les mieux conservées
Gérard Coulon, conservateur du musée d’Argentomagus, indique qu’aucune recherche récente n’a été entreprise et que notre seule certitude est que la butte de Presles est une motte féodale et l’une des mieux conservées du département.
L’intérêt que M. Touratier a porté à la motte de Presles a incité le conseil municipal de Mers à voter le 19 février 1913 un arrêté interdisant le prélèvement de terre à cet endroit. Il était temps car on estime qu’au moins un tiers des matériaux avait été prélevé.
Peut-être que notre curiosité actuelle réveillera l’intérêt de gens compétents au sujet de ce « site » qui, en dehors de son intérêt archéologique, peut être considéré comme une curiosité touristique. On peut d’ailleurs y accéder librement.
Cela aidera-t-il quelques amoureux de l’imaginaire à lire l’histoire de Callirhoé. la belle princesse étrusque.
Quand rendrons-nous à Maurice Sand la place qu’il devrait occuper dans les domaines artistiques et scientifiques? « Cet être d’élite, cet homme rare, qui réunissait, dit Taine plusieurs hommes supérieurs en un seul ».
Françoise BALZARD-DORSEMAINE
Le tumulus ou motte de Presles au début du siècle. Pendant très longtemps, les habitants du voisinage ne se sont pas privés d’y venir puiser de la terre, et il fallut attendre 1913 pour qu’un arrêté du conseil municipal de Mers-sur-Indre fît interdire ces prélèvements. Il était temps car environ un tiers de la butte avait déjà disparu (ColI. Gérard Coulon).
La butte de Presles que nous voyons ici depuis la rive de l’indre appartient à la commune de Mers-sur-Indre. L’accès y est libre sous réserve de ne pas ennuyer les animaux qui peuvent pâturer aux alentours. Pour s’y rendre, à partir de Mers, prendre la route de Saint-Août. Au lieu-dit « Presles », on aperçoit la butte en contrebas. L’endroit est riche de lieux typiquement sandiens: le château du Magnet se trouve à proximité, de même que la Mare au Diable, entre les bois du Magnet et de Chanteloube, reconstituée par les soins de la commune de Mers -sur-Indre. En résumé, un bel objectif de promenade dominicale.
(I) La motte est une butte de terre sur laquelle on élevait un tour de défense dans le haut moyen-âge.
(2) « Le tumulus ou motte de Presles». Montu, La Châtre. 1912.
(3) « Monuments mégalithiques de Carnac et de Locmariaquer ». Maurice Sand était en liaison avec les sociétés archéologiques de Bretagne.
(4) Tome I,p2223.
(5) Hachette, 1895.
(6) Inventaire des archives départementales antérieur à 197)). Série A. apanage du comte d’Artois.
(7) Monuments historiques de l’indre. Revue du Centre (mars, avril 1895).