La seigneurerie du Magnet

L’histoire du château du Magnet, “Magnet” ou “Magné” dans sa période féodale est intimement, liée à celle de la Motte de Presles, située aussi sur la Commune de Mers-sur-Indre.
L’origine de la seigneurie du Magnet reste inconnue, on suppose qu’elle réside dans le dédoublement de la terre de Presles.

Le Fief, chastel et seigneurie du Magnet consistaient en un grand et beau Chastel et maisons forts avec tours, mâchicoulis en bois et de hautes futaies appelées la “Touche du Magnet”. Toutes les successions de propriété se firent souvent entre le Magnet-Presles, Presles-Le Magnet suite à des mariages ou des problèmes financiers de l’un ou de l’autre. En lisant Presles à une époque lointaine faut-il entendre le Magnet?

La Motte de Presles elle-même suscite bien des mystères la légende maintient qu’il s’agit d’un tumulus, mais serait-elle plutôt d’origine gallo-romaine comme le suggère Monsieur Touratier ? ou est-ce simplement une motte féodale sur laquelle on construisit le château-fort de Presles, comme le pense Monsieur de la Tramblajs.

La question reste sans réponse jusqu’à ce jour.

Au XIIIème siècle, le domaine de Presles avec justice et maison dieu était un des plus étendus de la région. Il avait le titre de Chatellenie et relevait de la baronnerie de Châteauroux.

Il semble qu’au milieu du XIIIème siècle, la famille de PRAELLES (ou Praheles) ayant succédé à Evrad de Presles, s’est éteinte faute d’héritier et le vaste domaine a été divisé entre les maisons de Naillac, le Groing et Guérin.

Selon toute vraisemblance, la terre de Magnet échoua la famille Naillac, une des plus anciennes et illustres du Berry.

Dans un testament de 1507, Louise de Clac était qualifiée de “dame de Montipouret et du Magné”. Elle tenait ses terres de sa mère Jeanne de Naillac mariée à Pierre II de Clac, tous deux morts tragiquement.

A la suite de son mariage avec Louise de Giac, Jacques de la Queuille fut propriétaire du fief du Magnet, ainsi que ses fils Guillaume (chambellan de Louis XI), petit-fils Charles (chambellan du Duc de Bourgogne) et arrière petits-fils François.

Ce dernier, capitaine de cent hommes d’armes, acheta à Pierre Guérin, la seigneurie de Presles en 1518, mais dans son aveu et dénombrement de 1507 nous précise que “chastel, maison et place-forte” de Presles était alors en ruines et que par contre, existait au Magnet “un grand et beau chastel, et maison-fort, avec tours et machicoulis

Plusieurs familles alors se succédèrent.
En 1544 Jacques de Genouillac (marié à Françoise de la Oueille)
François de Genouillac (marié à Louise d’Etampes, celle-ci héritant du Magnet en 1563, mais sans descendance cède le fief à sa soeur Jacqueline de la Châtre).

En 1548 alors que le château de Presles était en ruine, le bel édifice du Magnet en prenait tout naturellement le nom, les droits les devoirs, et prérogatives.

En 1563 Louise d’Etampes mariée à François de Guenouillac à l’age de 7 ans veuve de celui-ci en 1544, donna procuration pour les seigneuries de Presles et du Magnet, preuve qu’elle était bien propriétaire de ces 2 lieux.

En 1575, à la mort de Louise d’Etampes, le Magnet et Presles passèrent à sa soeur Jacqueline de La Châtre, la nouvelle châtelaine était mariée à Guillaume Pot seigneur de Rhodes. En 1594, Dame Jacqueline est citée comme demeurant au Magnet..

En 1626 les Justices de Presles et du Magnet furent réunies en incorporées au duché-pairie lesquels devaient porter les appels.

Charles Pot, fils aîné mourut en 1706 en laissant une fille Louise-Charlotte qui mourut en 1715. Il ne restait plus de descendant.

Elle laissa le domaine en 1715 à Jacques-Auguste de Thou, abbé commandataire de Souillac qui vendit le Magnet en 1719 à Louis-Charles de la Porte.

En 1719 Louis Charles de la Porte acheta le Magnet, Presles Chanteloube et Montipouret.. Louis-Charles de la Porte était de Paris “Conseiller secrétaire du Roi, maison et couronne de France” et “Général réformateur des Eaux et Forêts du département de Blois Je Berry. Il fit agrandir le Magnet en ajoutant une aile au château.

en 1721 l’acquisition du Magnet et de Presles ne se fit pas sans quelques difficultés. Elle donna lieu à un procès avec la cure de Mers à qui plusieurs immeubles avaient été légués pour fondations pieuses à la paroisse de Mers par la famille de Rhodes.

Louis Charles de la Porte mourut en 1745 veuf et sans enfants.

En 1745 Pierre Jean François, son neveu devint le maître des lieux. Il devint propriétaire sur 12 paroisses environnantes. Depuis longtemps démembrée la chatellerie de Presles le Magnet était reconstituée. Il transforma le Magnet en marquisat de Presles en 1748.

En 1757 la propriété concernait 22 fiefs. Mais il perdit vite toute sa fortune, il était parait-il joueur et indiscipliné.

En 1776 il vendit ses biens de la région en majeur partie à Jacques Aymar de Moreton ,Comte de Chabullan d’une illustre famille du Dauphiné. Le Comte de Chabullan se maria en 1752 et eut un fils qui mourut avant lui en 1795.

Le Comte de Chabullan fit réparer le château du Magnet et dessiner un jardin anglais. Il vivait surtout à Versailles; revenait sur ses terres berrichonnes pour chasser. Il revint en 1791 suite à la révolution et se montra très généreux pour les pauvres en leur donnant du travail, entre autre il leur fit abattre la chapelle de Presles. Il fut membre du Conseil Général de l’Indre et mourut en 1802.

En 1802 le Magnet passa à son petit fils Jacques Ayrné Constant né en 1780. Il mourut en 1847. Jacques Aimé-Constant de Chabrillan dut sa fortune à Napoléon 1er. Il devient officier d’ordonnance et comte d’empire en janvier 1811, et son fils Lionel-Paul.-Josselin hérita du Magnet en 1847.

En 1847 son second fils Lionel Paul Josselin né en 1818 devint propriétaire du Magnet. Il y trouva une fortune. Mais il aimait la grande vie de Paris. Il fit la connaissance de Céleste Mogador célèbre danseuse et écuyère à l’hippodrome Céleste Mogador qui devint comtesse de Chabrillan.. Les séjours des 2 amants au Magnet furent souvent interrompus par des brouilles passagères.

Il fut bientôt ruiné et dû vendre le Magnet en 1851 à Ernest Simons. En effet Céleste Mogador avait de grands goûts et aimait la grande vie. Un chêne baptisé Mogador à l’entrée du bois près d’ici a été planté.

En 1851 Ernest Simons achète le Magnet.

La famille Simons dont 3 générations ont été propriétaires était originaire de Paris. Elle n’était point étrangère au Bas-Berry. Car en 1817 l’un de ses membres avait acquis le château de Bellevue et la terre de Jeu-les–Bois. Monsieur Ernest Simon petit fils de l’acquéreur de Jeu-les-Bois était né en 1813. Il était chevalier de la Légion d’Honneur, fondateur et directeur des messageries maritimes.

Peu à peu il reconstitua la Terre de Presles rachetant les fermes, champs, près et bois vendus par le comte de Chabullan ( ou Chabrillan) . La terre du Magnet s’augmenta de domaines situés à Presles,/eniers, Chanteloube, Fourches, L’Age, la Chaboterie, Bellevue, Lac Canot, Lac Giraud, Jeu les Bois, Tranzault, Lys St Georges, Montipouret, Neuvy, Sassierges St Germain, St Août.

Le Château fut réparé, restauré, agrandi d’un pavillon à 3 étages. La façade s’embellit d’une nouvelle tour et d’un porche d’entrée. La chapelle fut refaite et rendue au culte. Il laissa à son fils, plus de 4000 hectares.

Nous lui devons, Commune de Mers, à M. Simon le passage du chemin de fer et la gare de Mers-sur-Indre qui par ses relations et le don de ses terrains à la S.N.C.F fut déviée ici au lieu de passer à St Août St Chartier.

Alexandre Simon, 1836-1893 continua cette œuvre tenace se préoccupant surtout d’améliorer les bâtiments d’exploitation et moderniser la culture et l’élevage. Vous pouvez entre autre remarquer que les fermes lui appartenant sont toutes sur le même modèle. Il fit tracer chemins et routes et planter des landes à Bellevue. Il était très bon pour les pauvres, payant le pain la viande et donnant du bois, assurant la subsistance des sœurs institutrices et des gardes malades de Mers. Ernest Simon succéda à son père, fut très apprécié de tous par son extrême amabilité, son hospitalité. C’était un honneur de travailler au Magnet, certains toute leur vie. A la retraite, une maison leur était donnée et leurs vieux jours assurés Ernest Simons était une personne qui aimait la chasse et avait une grande meute et toute une suite.

Ernest Simons se trouvait en Angleterre lors de la guerre 1939-1945 et ne revint pas au Magnet. Il vendit en 1946 à madame Guérineau alliée de la famille.